De nos jours, les journalistes qui couvrent le sport professionnel ne sont pas aussi proches des joueurs et des organisations qu’avant. Dans les années 1970, les membres des médias voyageaient avec l’équipe, dormaient dans les mêmes hôtels et mangeaient parfois aux mêmes tables.
Pour le journaliste Richard Garneau, anciennement affecté à la couverture des Canadiens et membre du Temple de la renommée du hockey, cette promiscuité n’a pas toujours été de tout repos… surtout durant les années où Scotty Bowman menait la barque. La première rencontre entre le journaliste et l’entraîneur est assez représentative.
«C’était mon premier match en voyage avec l’équipe. Au retour, nous voyagions en DC3, un vieil avion, assez petit » se souvient Garneau, aujourd’hui âgé de 79 ans.
« Je n’étais pas au courant des règlements non écrits concernant les voyages avec l’équipe. Je suis rentré dans l’appareil parmi les premiers et je me suis assis à l’avant, dans la première rangée. Je me trouvais à l’écart des joueurs qui eux, prenaient place à l’arrière.»
Ce qu’il ne savait pas à ce moment, c’est que bien que les joueurs s’asseyaient à l’arrière du petit bimoteur, le personnel d’entraîneurs, lui, s’installait à l’avant. Et bien sûr, parmi eux, il y avait Scotty Bowman.
« Lorsqu’il est entré dans l’appareil, il m’a engueulé comme du poisson pourri. C’est là que je me suis rendu compte que je me trouvais dans son siège », explique celui qui s’est immédiatement dirigé vers l’arrière de l’appareil, question de fuir la fureur du légendaire entraîneur-chef.
«Personne ne m’avait averti. Je pense d’ailleurs que les joueurs ont trouvé l’épisode très drôle. Certains se sont moqués de moi, particulièrement Pierre Bouchard, à côté de qui je me suis finalement retrouvé assis », mentionne Garneau.
Au final, le voyage n’a pas été très confortable pour le journaliste, Bouchard étant assez imposant et prenant beaucoup de place dans le minuscule espace alloué aux deux hommes.
«Disons que c’était une personne avec qui il fallait toujours être prudent, puisqu’on ne savait jamais à quoi s’attendre avec lui